Inspirations
Pour Antonin Ziegler, l’architecture doit être une vérité simple, et tendre à s’effacer, pour laisser place au rapport sensoriel entre l’Homme et l’Espace. Il tente de s’affranchir de tout formalisme, au profit de “l’impression” : selon lui, l’existence de toute architecture vient de la manière qu’ont les habitants de la côtoyer, d’y vivre, d’entrer dans un rapport physique et émotionnel au construit. Il cherche l’émotion, principalement au travers de la perte de repère et de la déconstruction. Il crée davantage un espace empirique qu’une entité formelle ou esthétique. C’est cette expérience sensorielle qui constitue la véritable matérialité de ses projets.
Le travail d’Antonin Ziegler est particulièrement nourri de ses voyages réguliers aux Etats-Unis, qui alimentent son regard et sa réflexion sur le rapport de l’homme à l’architecture. Il mène ainsi un travail de photographe, dans lequel il développe l’énonciation d’une esthétique dans la banalité américaine négligée : l’ordinaire, les coins de rue, les parkings, des maisons de banlieue, une vitrine presque vide, des stations service, des chambres d’hôtel, des banlieues anonymes… La réalité pour lui est plus dans la relation créée autour de la photographie, entre le spectateur et l’espace de la photographie, que dans le sujet présenté. Il en est de même dans son architecture. Fasciné par les paysages qu’il voit défiler, Antonin Ziegler collecte des images de tous les coins d’Amérique du Nord : Colombie Britannique, Californie, Arizona, Montana, Nerw-York, Quebec, Oregon, Washington, Idaho, Nevada, Alberta…
Ces grands voyages peuvent également être lus comme une tentative pour revenir, en opposition aux diktats contemporains post-modernistes, à l’esprit de la matière, dans une volonté d’opposer par tous les moyens une culture personnelle à la culture d’un milieu trop normatif et technologique.
L’infographie, qu’il a étudié en parallèle de l’architecture, lui permet de mettre en forme les ambiances désirées qui sont la matière première de son travail.
Il conçoit d’ailleurs certains projets comme des scénarios. Son diplôme “entre écart et trace du mur”, le projet Cimbéton, ou le Concours d’Architecture Europan 8 “Franchir les réseaux” à Châteauroux (36) en 2005 relèvent de ce principe : on y suit un homme pris dans le mouvement de la ville ; effrayé, oppressé, il s’échappe, l’espace d’un instant, dans un habitat – que le spectateur ressent alors comme un refuge.
Dans cette même recherche, Antonin Ziegler s’intéresse à la vidéo : la possibilité d’introduire dans son travail architectural le mouvement de la ville, le bruit, le jour, la nuit, lui permettent de contextualiser ses projets dès leur conception.